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L'annulation d'une projection de "Barbie" au coeur d'un débat enflammé
information fournie par AFP 14/08/2025 à 20:56

Le maire PCF de Noisy-le-Sec, Olivier Sarrabeyrouse, s'exprime lors d'une conférence de presse, à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, le 14 août 2025 ( AFP / Martin LELIEVRE )

Le maire PCF de Noisy-le-Sec, Olivier Sarrabeyrouse, s'exprime lors d'une conférence de presse, à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, le 14 août 2025 ( AFP / Martin LELIEVRE )

Le maire de Noisy-le-Sec a promis jeudi de reprogrammer le film "Barbie" dans sa ville de banlieue parisienne pour ne pas laisser un groupe d'hommes s'y poser "en censeurs moraux", après l'annulation d'une projection sous la pression d'habitants, suivie d'une polémique enflammée.

Olivier Sarrabeyrouse (PCF) avait annulé la projection du long métrage de Greta Gerwing le soir du 8 août, afin de "protéger" les agents de la mairie agressés verbalement ce soir-là par une dizaine de jeunes hommes aux "menaces insistantes", a-t-il plaidé lors d'une conférence de presse jeudi.

Le groupe reprochait à cette satire féministe de faire "l'apologie de l'homosexualité" et de porter "atteinte à l'intégrité de la femme", selon le maire.

L'édile a porté plainte contre X. Une enquête a été ouverte pour menace, violence ou acte d'intimidation envers un chargé de mission de service public, a indiqué à l'AFP le parquet de Bobigny.

L'ambiance était tranquille jeudi sur l'esplanade où le film devait être projeté, au milieu des tours.

Parlant à l'AFP, plusieurs jeunes hommes y estimaient que pour les nombreux enfants de moins de 10 ans présents ce soir-là, le film n'était "pas adapté", "pas correct", "trop "vulgaire", tout en affirmant que ce rejet "n'a rien à voir avec l'islam ou la religion".

"Des gens du quartier n'étaient pas d'accord (avec le choix du film), des mamans, des papas. Il a été demandé de changer de film mais (...) il n'y a pas eu d'agression", a soutenu Yassine, 25 ans, déplorant que le film ait été choisi par une minorité d'habitants ("13 voix" selon la mairie), uniquement via un vote en ligne.

"C'est bien pour les enfants qu'ils mettent des écrans géants. Le problème, c'est le film qu'ils ont mis, ils ont tout gâché", a renchéri Sofiane, chauffeur de 25 ans, présentant "Barbie" comme un "film à caractère sexuel". "On ne met pas de film comme ça aux enfants. Surtout en plein milieu d'un quartier, où n'importe qui peut regarder les scènes choquantes par sa fenêtre, +Shrek+ aurait été adapté", a-t-il estimé.

Autour de lui, une discussion s'est engagée, un jeune contestant un film avec des "trucs de gays et de lesbiennes", un autre rejetant cette position "homophobe".

Le film avec Margot Robbie et Ryan Gosling voit Barbie, du nom d'une célèbre poupée, découvrir la misogynie dans le monde réel. Interdit en Algérie, au Koweït ou encore au Liban, il a été déclaré "tout public" en France.

- "Rien de choquant" -

Dans le même quartier, une retraité de 70 ans, se disant "musulmane" et "de mentalité française", a regretté que des "petits jeunes veuillent faire la loi" et déclaré anonymement à l'AFP: "J'avais vu +Barbie+ au cinéma avec ma petite-fille de 11 ans, il n'y avait rien de choquant, à part qu'ils sont en maillots de bain et short et le mec torse nu".

Selon des propos rapportés jeudi par BFMTV, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a dénoncé des "pressions d'une minorité violente qui veut +hallaliser+ l'espace public", jugeant "pas acceptable le moindre recul face à ces revendications communautaires".

Au gouvernement, la ministre de la Culture, Rachida Dati, avait auparavant évoqué sur X "encore une atteinte grave à la programmation privant familles et enfants d'une activité culturelle".

Sur franceinfo, le député RN Yoann Gillet a fustigé la décision d'annulation "comme une grave erreur" revenant à "se soumettre à une idéologie islamiste".

Devant la presse, le maire de Noisy-le-Sec a rappelé qu'il avait lui-même qualifié "d'obscurantisme et de fondamentalisme" l'attitude des jeunes.

Mais l'élu, visiblement marqué, a surtout voulu fustiger "la récupération politicienne, la spéculation et la haine raciste islamophobe qui se déverse depuis 24 heures" sur sa ville, notamment à travers les réseaux sociaux.

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